Comment lutter contre la teigne de la pomme de terre (Phthorimaea operculella) ?

teigne de la pomme de terre

La teigne de la pomme de terre fait partie de ces petits insectes discrets qui peuvent causer de grands dégâts. Originaire d’Amérique du Sud, ce papillon de nuit s’est adapté à de nombreuses régions, trouvant dans les tubercules un refuge et une source de nourriture idéale. Les jardiniers la redoutent, car une attaque peut ruiner une récolte entière, aussi bien au potager que dans le lieu de stockage. Dans les lignes qui suivent, vous découvrirez comment reconnaître ses signes de présence et adopter des méthodes efficaces pour limiter sa propagation.

Reconnaître la teigne de la pomme de terre

Avant de pouvoir la combattre, il faut savoir identifier la teigne de la pomme de terre et comprendre son mode d’action. Ce petit lépidoptère, au nom scientifique Phthorimaea operculella, appartient à la famille des Gelechiidae. À première vue, il ressemble à un discret papillon de nuit gris argenté. Ses ailes, longues et étroites, sont finement frangées et légèrement tachetées.

Mais ce ne sont pas les adultes qui posent problème… Ce sont leurs larves, de petites chenilles jaunâtres ou blanchâtres d’une dizaine de millimètres. Elles s’attaquent aux feuilles, creusent des galeries dans les tiges, et surtout pénètrent dans les tubercules. Ce comportement les rend particulièrement redoutables, car elles continuent leurs dégâts même après la récolte, dans les caves et entrepôts.

Leur présence est souvent trahie par de minuscules trous et des filaments soyeux sur les pommes de terre, accompagnés d’excréments noirâtres à l’intérieur des galeries. Ces lésions ouvrent la voie à des pourritures secondaires, notamment bactériennes, qui détruisent la qualité du lot stocké.

Quelles solutions biologiques contre la teigne de la pomme de terre ?

Lutte bio en culture :

  • Piège ATRAP, DELTAP (plaque engluée), TUTATRAP
  • Phéromones la teigne de la pomme de terre (Phthorimaea operculella), les changer toutes les 4 semaines.

Les différents pièges utilisés pour une lutte de confusion sexuelle permettant d’indiquer la présence de ce ravageur. Vous pourrez ensuite appliquer un traitement bio efficace :

Nous vous recommandons aussi de perturber le cycle biologique de la Teigne de la pomme de terre à l’aide d’une solution composée de

  • argile bentonite sodique + chitosan liquide : à pulvériser sur les feuilles à l’aide d’un pulvérisateur (dosage pour 1 litre de solution : Argile bentonite sodique 10 g + 10 ml de chitosan liquide + 980 ml d’eau / 10 m² . multiplier les doses en fonction du volume de bouillie désirée)

Lutte bio au stockage :

Enrobage des tubercules de pommes de terre à l’aide de la solution Chitosan liquide.

Cette action permet de créer un biofilm naturel protégeant l’incursion de la teigne dans les tubercules de pomme de terre.

Dosage pour 100 kg de tubercule de pomme de terre : 100 ml CHITOSAN LIQUIDE + 900 ml d’eau.

Laisser sécher quelques minutes avant d’entreposer vos tubercules

Cycle de vie et conditions favorables

Le développement de la teigne est rapide. À 30 °C, une génération complète ne prend que 20 à 30 jours. Dans les régions chaudes, plusieurs générations peuvent se succéder, parfois jusqu’à une douzaine dans l’année.

La femelle pond ses œufs sur la face inférieure des feuilles, sur les tiges, à proximité des tubercules, ou même directement sur ceux-ci lorsqu’ils sont peu enfouis. Après huit jours, les larves éclosent et commencent leur travail de sape : elles minent les feuilles, puis se déplacent vers les tubercules.

Une fois leur croissance terminée, elles se nymphosent dans le sol, sur les sacs ou dans les structures de stockage. L’adulte émerge ensuite et le cycle recommence.

Les conditions chaudes et sèches sont les plus propices à sa prolifération. C’est pourquoi la teigne se rencontre surtout dans les zones méditerranéennes, les régions tropicales ou subtropicales, et tend à remonter vers le nord avec le réchauffement climatique.

Les dégâts au champ et en stockage

Au champ, la teigne s’attaque aux feuilles et tiges. Les larves y creusent de fines galeries, provoquant un dessèchement progressif. Les plantes s’affaiblissent, produisent moins de feuillage et les tubercules se développent mal.

Mais c’est surtout au stockage que les pertes deviennent importantes. Les chenilles percent la peau des pommes de terre et creusent des galeries superficielles tapissées de soie. Ces dégâts rendent les tubercules impropres à la consommation et favorisent les pourritures secondaires.

À retenir : Une seule femelle peut pondre plusieurs centaines d’œufs, ce qui explique la rapidité avec laquelle une infestation peut se propager.

Les facteurs de risque

Certains contextes favorisent particulièrement les infestations :

  • Les climats chauds et secs, qui permettent la survie des œufs et le développement rapide des larves.
  • Les rotations courtes et la proximité d’autres plantes hôtes comme le tabac, la tomate ou l’aubergine.
  • Les résidus de culture ou les tubercules abandonnés au champ, qui abritent larves et pupes.
  • Les entrepôts mal désinfectés, où les pupes peuvent survivre et infester la récolte suivante.

Prévenir la teigne passe donc avant tout par une bonne hygiène culturale et de stockage.

Prévenir plutôt que guérir

La lutte contre Phthorimaea operculella repose en grande partie sur des gestes simples mais réguliers. Le but : réduire les sites favorables à la ponte et empêcher les larves d’atteindre les tubercules.

Choisir un bon matériel végétal

Commencez toujours par utiliser des plants sains et certifiés. Évitez de repiquer des tubercules suspects, même s’ils semblent légèrement atteints. Une seule chenille peut suffire à contaminer tout un lot.

Adapter les pratiques culturales

Une bonne gestion du sol et des cycles de culture peut freiner nettement la progression du ravageur :

  • Allongez les rotations pour éviter que la teigne trouve en permanence des plantes hôtes.
  • Plantez profondément et buttez soigneusement les rangs afin que les tubercules soient bien recouverts.
  • Irriguez régulièrement : l’humidité du sol limite les pontes et empêche les chenilles de pénétrer dans le sol.
  • Récoltez dès la maturité des tubercules pour éviter que les adultes aient le temps de pondre.
  • Détruisez les résidus de culture et les tubercules oubliés après récolte.
    Ces gestes simples constituent la première barrière contre la teigne.

Surveiller et protéger les stocks

La vigilance continue après la récolte. La teigne se reproduit très bien en stockage, surtout lorsque la température reste au-dessus de 15 °C. Avant d’entreposer la récolte, il faut :

  • Nettoyer et désinfecter soigneusement les caisses, sacs et murs des bâtiments.
  • Éliminer les tubercules abîmés ou suspects.
  • Entreposer les pommes de terre dans un local frais et ventilé, à moins de 10 °C si possible.
  • Surveiller régulièrement les lots : la moindre présence de filaments ou de déjections doit alerter.

Une atmosphère fraîche et sombre ralentit le cycle de reproduction des papillons.

Photo : Shutterstock