fbpx

Comment tailler un arbre fruitier ?

taille arbre fruitier

La taille des arbres fruitiers a pour but de réduire le volume de ses arbres en leur donnant une forme régulière, de les faire mettre à fruit plus hâtivement sur toute la longueur de leurs branches charpentières et de régulariser leur production fruitière en améliorant la qualité.

Pourquoi, quand et comment tailler un arbre fruitier ? Découvrez notre guide complet pour réussir la taille des fruitiers de votre verger.

Pourquoi faut-il tailler les arbres fruitiers ?

La taille doit assurer la meilleure répartition de la sève dans tous les organes utiles de l’arbre en allongeant ou en redressant les parties faibles, en raccourcissant ou en couchant celles qui seraient trop fortes suivant des deux principes suivants :

  • La fructification d’un arbre ou d’une branche fruitière commence, toute limite conservée d’ailleurs lorsque sa vigueur diminue.
  • La sève tend toujours à affluer dans les parties verticales et de préférence à l’extrémité de celles-ci en y favorisant le développement de rameaux gourmands nuisibles à la bonne végétation de l’arbre qu’a sa fructification.

C’est ainsi que sur les arbres fruitiers abandonnés sans taille, la sève ne manque pas de favoriser chaque année le développement excessif des extrémités en y localisant la naissance des rameaux secondaires.

Les branches inférieures recouvertes et privées d’air et de lumière par les dernières productions se dénuderont et finiront par périr. Après un temps plus ou moins long, suivant les variétés, la vigueur de l’arbre ne suffit pas à la croissance d’un nombre aussi considérable des rameaux et rend la végétation languissante.

C’est alors que ces rameaux se couronnent, c’est-à-dire, cesse de s’allonger en se couvrant d’autre part de production fruitière. Il en résulte une production considérable de fruits, qui étant trop nombreux, ne reçoivent pas une nourriture suffisante pour se développer suffisamment. L’arbre ne manquera pas de souffrir de ce déséquilibre auquel s’ajoutera bientôt lors de la formation de ses graines, un nouvel affaiblissement qui, dans de nombreux cas, amène la mort par épuisement, surtout chez le pêcher.

C’est pour éviter à tous ces inconvénients que la taille est utile. Elle ne conserve qu’un nombre restreint de branches de charpente auxquelles elle assure une aération et une luminosité suffisantes, facilitant ainsi le développement de tous les yeux inférieurs qui auront été judicieusement gardés. Ceux-ci ne manqueront pas de produire un nombre raisonnable de fruits dont la qualité sera considérablement accrue, tout en ménageant le bon équilibre de la végétation des arbres fruitiers.

Quand tailler un arbre fruitier ?

Il y a lieu tout d’abord de faire une distinction entre la taille d’hiver, la plus généralement employée, et la taille d’été ou appelé taille Lorette. Celle-ci s’effectue à partir de la mi-avril pour se continuer pendant la belle saison alors que la première se pratique de novembre à mars. Il vaut mieux, dans ce cas, tailler un peu plus tard le pêcher, les arbres à noyaux et la vigne, l’opération étant alors facilitée par une plus grande différenciation entre les yeux et les gelées moins à craindre.

🌱 Doit-on tailler dès la première année de plantation ?

Il est à retenir enfin que les arbres fruitiers à noyaux (pêcher, abricotier, prunier etc) se taillent dès la première année de la plantation, contrairement aux autres fruitiers du verger.

La taille d'hiver

La taille d’hiver se pratique de novembre à mars.

Elle est la plus généralement employée. Elle offre d’autres avantages, celui d’épargner la perte de sève lorsque l’on effectue les tailles tardives afin d’éviter un déséquilibre végétatif.

Nous expliquerons ici la façon de former et de tailler les charpentes, branches charpentières, qui sera suivie de celle de la taille des coursonnes, parties réellement productives de l’arbre.

Quels sont les avantages de la taille d’hiver ?

La sève a toujours tendance à monter verticalement et d’une manière générale, si la nature agit seule, les yeux placés à l’extrémité supérieure des tiges bénéficient seuls de toute la sève, tandis que ceux de la base tendent au contraire à s’atrophier, pour finalement s’annuler complètement.

Le but de la formation de la charpente est, non seulement de donner aux arbres un aspect agréable et géométrique ou encore d’assurer une bonne aération et un bon éclairage jusqu’à l’intérieur de la masse de l’arbre mais surtout de faire développer les yeux situés immédiatement à la base des tiges de manière que celles-ci soient garnies de façon continue. Ceci permet de maintenir l’arbre dans l’espace délimité qui lui est assigné.

Comment réaliser la taille d’hiver ?

On y parvient en coupant les branches de charpente verticales chaque année à la moitié de leur développement, un peu plus court pour les parties supérieures qui tendent toujours à s’allonger de trop, et un peu plus long pour les parties inférieures qui s’emportent moins. Ces branches sont les plus vigoureuses et cette taille sévère refoule la sève vers la base et, en particulier vers les branches horizontales de charpente ou les bourgeons pourront ainsi se développer en rameaux. On gardera ensuite, sur la partie ainsi conservée, les yeux que l’on juge nécessaires à la formation des étages successifs de charpente. Les autres seront éliminés ou pincés de bonne heure.

Lorsqu’on dresse la branche charpentière verticale d’un arbre haute tige, ces tailles successives de prolongements sont faites sur un œil situé à l’opposé de celui-ci qui a été conservé à l’étage précédent.

Ce procédé maintient la charpente dans une ligne verticale et évite des déviations en escaliers peu esthétiques. Lorsque l’on dresse la branche charpentière verticale d’un arbre fruitier palissé (espalier ou contre-espalier), les coupes sont faites, au contraire, sur un œil placé à l’opposé du mur, c’est-à-dire placé face à l’opérateur.

Chaque année, la branche charpentière verticale est taillée de façon à réserver un étage de branches horizontales, mais à la condition absolue que l’étage précédent soit parfaitement établi. Dans le cas contraire, il vaut mieux attendre un an et même deux avant d’établir un nouvel étage.

La base des branches charpentière est ébourgeonnée jusqu’à 0,30 m ou 0,40 m du sol et de 0,50 m pour le pêcher, de façon à conserver l’espace nécessaire aux formes désirées.

Pour les formes palissées (espalier, contre-espaliers) il n’est conservé de coursonnes qu’à droite et à gauche de la branche charpentière, celles qui apparaissent dessus ou derrière seront supprimées.

Lorsqu’à un endroit déterminé d’une branche charpentière verticale, on a décidé de former une branche charpentière horizontale, il faut d’abord laisser un bourgeon se développer librement en rameau.

Lorsqu’ il est suffisamment grand, ce bourgeon prend de lui-même l’allure verticale. Il convient donc de l’incliner alors qu’il n’est pas encore assez élastique, tout en ne perdant pas de vue que plus une branche qui sera inclinée horizontalement moins la sève de l’arbre fruitier aura tendance à se diriger spontanément vers elle. Par conséquent :

  • il ne faut pas incliner trop tôt horizontalement une branche de charpente.
  • il faut lui conserver son extrémité libre et verticale de manière que cette branche continue à pousser avec vigueur.

De plus lorsque, dans l’équilibre d’un arbre, une branche de charpente secondaire prend trop de force, il faut l’incliner horizontalement pour l’affaiblir et laisser pousser verticalement celle trop faible.

Enfin, lorsque deux branches charpentières horizontales, qui doivent se faire pendant, se développent avec une vigueur inégale, il faudra tailler court la branche trop vigoureuse et ne pas tailler du tout celle qui manque de force.

La végétation des branches horizontales étant moins active que celle des charpentières verticales, on coupe leur extrémité seulement au tiers, ne retenant par la suite les yeux nécessaires à la formation de l’arbre. Les branches charpentières horizontales sont toujours taillées sur un œil au-dessous de la branche. En effet, l’attirance verticale de la sève corrigera par la suite la direction de la branche qui deviendra parfaitement droite.

La branche charpentière horizontale la plus rapprochée du sol doit en être au plus éloignée de 0,30 m à 0,35 m. Dans la formation de la charpente, qu’elle soit libre ou palissée, les étages inférieurs doivent être particulièrement soignés et solidement constitués. C’est pourquoi il ne faut pas craindre de rester parfois deux ou trois ans sur un même étage sans former d’étage supérieur.

Les branches charpentières superposées doivent être distancées entre elles de 0,30 m à 0,40 m pour poirier et pommier et 0,50 m pour le pêcher et pour la vigne palissée.

Elles sont traitées d’une manière intermédiaire suivant que leur direction est voisine de l’horizontale ou de la verticale.

On appelle coursonne les branches courtes dont l’empattement est placé sur une branches charpente et qui sont destinées à produire des fruits. Celles-là portent en effet des yeux ou bourgeons qui donneront naissance à de nombreux rameaux ou à des fruits. Il n’y a donc lieu de distinguer tout d’abord.

L’œil terminal qui est généralement un œil à bois, c’est-à-dire un œil qui continuera à se développer en rameau.

Les yeux à bois ou bourgeons sont généralement plus longs, plus aigus, plus étroits, plus serrées que les yeux à fruits.

Les yeux à fruits ou boutons apparaissent le plus souvent le long des rameaux. Ils sont plus courts, arrondis et paraissent d’une constitution moins serrée que les yeux à bois.

La taille des rameaux secondaires qui sont le développement naturel des yeux conservés sur les branches de charpente, varie sensiblement suivant le mode de végétation des espèces fruitières, c’est-à-dire suivant que l’on a affaire à un poirier, un pommier, un pêcher, une vigne…comme le nous le verrons lors de l’étude de chacune des variétés. Cependant, quelques principes essentiels s’appliquent à la taille des coursonnes, quelle que soit l’espèce envisagée.

Ainsi, il faut toujours tendre à rapprocher les coursonnes de la branche de charpente. En effet, les coursonnes, abandonnées sans être taillées, tendent toujours à s’allonger et à se bifurquer. Il faut donc rabattre sur la ramification la plus rapprochée de la charpente, à condition que cette ramification soit bien développée et de nature à pouvoir fructifier par la suite.

D’autre part, les coursonnes ne doivent pas être bifurquées. À la taille d’hiver, il faut donc ne conserver sur chaque coursonne qu’une seule ramification, la plus rapprochée de la banche charpentière, là aussi à condition que cette ramification soit bien développée et de nature à pouvoir fructifier par la suite.

Rappelons que, chaque fois qu’on coupe une tige, la sève afflue et agit vigoureusement sur la nouvelle extrémité ainsi déterminée. Cette observation a, au moins deux conséquences importantes.

  1. La sève d’une part oblige à se développer les yeux inférieurs qui auraient pu disparaitre sans la taille, ces yeux à bois pourront par la suite se transformer en rameaux susceptibles de porter des fruits.
  2. D’autre part, il convient de ne pas rabattre directement une coursonne sur un œil qui paraissait destiné à produire du fruit parce que, sous l’affluence de la sève, cet œil poussera vigoureusement en un rameau qui produira du bois. Il vaut toujours mieux en ce cas, tailler au-dessus d’un œil à bois placé immédiatement au-dessus de l’œil à fleurs. L’œil à bois ainsi réservé s’appelle « tire sève » parce qu’il a le rôle d’entretenir la circulation de la sève dans la coursonne.

La taille d'été ou taille Lortte

La taille d’été des arbres fruitiers est un système de taille spécialement approprié au poirier, également applicable au pommier.

En quoi cela consiste ?

Son nom de taille Lorette lui vient de son inventeur Lorette, jardinier en chef de l’école d’agriculture de Wagnonville (Nord de la France). Il consiste à ne tailler les arbres fruitiers que pendant leur végétation et à former les coursonnes par une taille sur les yeux stipulaires, c’est-à-dire à la base des feuilles.

La taille d’hiver est supprimée.

Comment réaliser la taille d’été ?

En avril, lorsque les yeux ont poussé de 5 à 6 centimètres, on rogne le quart supérieur des extrémités des branches charpentières, si c’est un jeune arbre en formation. Dans le cas contraire, on rabat tous les prolongements sur leur empattement afin d’en former de nouveaux pendant la saison végétative.

Après le 15 juin, les yeux de la base des rameaux doivent être développés en dards, qui évolueront plus tard en boutons à fleurs ; ceux de l’extrémité se seront développés en rameaux à bois. Parmi ces derniers, les plus forts, qui seront de la grosseur d’un crayon et semi-ligneux, seront taillés sur l’empattement de 6 à 7 millimètres afin de conserver les yeux stipulaires qu’ils soient ou non apparents (taille fera sortir ceux qui sont invisibles). Mais il vaudrait mieux attendre le mois suivant s’ils n’étaient pas suffisamment forts. Les yeux stipulaires, sous la taille, se développent dans le courant de la saison en un ou plusieurs dards.

Un certain nombre de ceux-ci se transformeront en boutons, les autres resteront dards, ou s’allongeront en rameaux, s’il y a excès de sève. Un mois plus tard (vers fin juillet), un certain nombre de rameaux sur les prolongements ainsi que sur les coursonnes seront arrivés à la consistance voulue pour être rabattus sur empattement.

Vers le 15 aout, tous les rameaux lignifiés seront rabattus sur empattement. Devront être conservés :

  • les prolongements
  • les brindilles
  • les rameaux trop faibles

Les brindilles seront arquées à la tête en bas et fixées avec un lien pour faire développer leurs yeux basilaires. Il faut pendant la période de forte végétation, éviter de rabattre sur empattement les rameaux au-dessus d’un dard afin d’éviter le refoulement de la sève qui ferait partir le dard en rameau. Dans ce cas, on taille à une feuille le rameau supérieur et les autres sur empattement.

On complètera cette taille en fin août en rabattant sur empattement le rameau supérieur. Les rameaux développés sur les bourses seront taillés aussi sur empattement.

Du 20 aout au 15 septembre, suivant la saison et le climat, on rabattra les dards ou boutons les derniers rameaux à tailler et sur empattement ceux qui auraient été taillés à un œil.

Photo : blickpixel